Le temps qu’il nous faut

Ce que peut la lenteur pour le monde

au MAIF Social Club, Paris

du 30 septembre 2023 au 24 février 2024




Interview de AnneSophie BĂ©rard, commissaire de l'exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 27 septembre 2023, durée 11’22, © FranceFineArt.



https://francefineart.com/

https://francefineart.com/2023/10/07/3483_le-temps-qu-il-nous-faut_maif-social-club/



communiqué de presse



commissariat : AnneSophie BĂ©rard

scénographe : Clémence Farrell

artistes : Michel Blazy, Daniel Firman, Pierre Bastien, Julia Haumont, Lingzi Ji, Karine Giboulo, Julie C.Fortier, Arno Fabre, Duy Anh Nhan Duc, Kenji Kawakami, Lyes Hammadouche, Louise Pressager





Contempler, rêver, s’attarder, souffler… Nous voudrions tous avoir le temps de nous arrêter un peu ! Ces actions lentes et désintéressées sont d’ailleurs essentielles à la fertilisation de nos imaginaires. Mais il n’est pas toujours possible de les intégrer à la réalité de nos vies. Et c’est exactement le sujet qui nous intéresse dans l’exposition Le temps qu’il nous faut.


Notre langage témoigne bien de la relation paradoxale que nous entretenons avec le temps : on le perd ou on le gagne, on le prend ou on le donne, on lui court après ou il nous rattrape… Entre besoins et désirs, potentialités et contraintes, volontés et capacités, chacun se confronte au délicat équilibre d’une vie justement remplie.


L’exposition Le temps qu’il nous faut explore les paradoxes du temps à vivre, tiraillé entre le désir de multiplier les expériences et celui de s’aménager des pauses.


Cette quête philosophique est aussi un sujet politique. Bâties sur la promesse d’une vie meilleure, nos sociétés modernes ont optimisé nos actions et nos usages pour rentabiliser notre temps. Mais en faisant de la croissance et de la productivité les seules valeurs de réussite, elles ont généré un phénomène d’accélération inédit, mettant en péril l’ensemble des écosystèmes et la manière dont nous faisons société.


Régies par une équation temps/profit, nos productions et nos consommations massives ont entraîné une exploitation abusive des ressources. A l’échelle humaine, le sociologue allemand Hartmut Rosa compare ce phénomène à celui d’une « roue de hamster ». Coincés à l’intérieur de l’engrenage, nous ne courons plus vers quelque chose, mais seulement parce qu’il nous est impossible de nous arrêter. Cette crise de sens, associée à la pression économique et à la charge mentale, permet de mieux comprendre certains phénomènes récents : augmentation des burn-out, mouvement de la grande démission, émergence du quiet quitting (démission silencieuse)… Volontaires ou subis, ces processus de ralentissement révèlent que le rythme de nos vies ne nous convient plus.


L’éloge de la décélération trouve dans ce contexte un écho singulier ! La voie/x du Slow, qui a émergé durant les années 1980, puise ses sources dans la Skholè de l’Antiquité grecque. Ce temps libre, totalement désintéressé, était consacré à la libre pensée. La philosophie est née grâce à lui ! C’est pourquoi nous croyons au rôle central de la rêverie et de l’imaginaire dans la construction du monde à venir. Nous pouvons y trouver des ressources collectives pour chercher un modèle plus juste et plus désirable. C’est en tout cas l’invitation que nous font les douze artistes présentés dans cette exposition : accepter les paradoxes du temps à vivre, dénoncer nos dérives frénétiques et imaginer ensemble un monde au ralenti où nous aurions tout simplement… le temps de vivre !


AnneSophie Bérard, commissaire de l’exposition



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