“La société des spectacles”Farah Atassi et Ulla von Brandenburgà la Fondation Pernod Ricard, Parisdu 13 février au 20 avril 2024
Interview de Marjolaine Lévy, docteure en histoire de l’art contemporain, et commissaire de l’exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 12 février 2024, durée 19’50,

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https://francefineart.com/2024/02/14/3515_la-societe-des-spectacles_fondation-pernod-ricard/


Communiqué de presse


Commissaire :

Marjolaine Lévy, docteure en histoire de l’art contemporain à l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV), critique d’art et professeure d’histoire de l’art à l’EESAB (Rennes) et à l’Ensad (Paris).


Quel serait le dénominateur commun entre les pratiques de Farah Atassi et d’Ulla von Brandenburg, deux artistes qui n’ont à première vue rien en commun ? Peut-être une exaltation, une célébration du spectacle des formes qu’un rideau entrouvert nous donne à voir.

Dans les peintures d’Atassi, le rideau est ouvert, et pourtant les danseuses sont immobiles. Le temps s’est arrêté. Le rideau s’ouvre non pas sur le spectacle d’une chorégraphie mais sur une mise en spectacle des formes. Forme parmi les autres formes, le personnage semble n’être plus qu’un élément d’une authentique nature morte. Quoi de mieux qu’une grille comme fond pour célébrer la forme ? Si la fable moderniste en a fait le symbole d’un parti pris anti-narratif et d’un purisme formel qui refuse le sens et la profondeur, la grille devient dans les tableaux de Farah Atassi le podium d’un formalisme célébré. Une « théâtralité » renforcée encore par le regard de ces langoureuses danseuses incluant la présence du spectateur.

Ce même spectateur est invité à pénétrer dans les environnements d’Ulla von Brandenburg, et à traverser la couleur et les monumentales peintures sur tissu que l’artiste déploie dans l’espace avec majesté. Comme Atassi à l’intérieur de ses peintures, von Brandenburg mobilise dans son vocabulaire une multiplicité de formes d’art (danse, musique, théâtre…). Se délivre ainsi l’image d’une oeuvre qui ne se définit pas dans sa pure spécificité textile mais dans une féconde mise en mouvement d’autres pans de l’histoire des arts. Les deux artistes, Atassi dans l’espace pictural et von Brandenburg dans l’espace d’exposition, partagent le même projet de produire une plastique abstraite à la manière d’un langage universel s’appliquant à toutes les formes artistiques et tous les champs de la société, en cherchant à brouiller la frontière séparant l’art de la vie, dans la lignée des avant-gardes historiques.

Ainsi, à travers le récent film La fenêtre s’ouvre comme une orange (2022), Von Brandenburg ravive le fantôme de figures féminines de la modernité, en particulierSonia Delaunay et ses robes simultanées créées en 1913, tandis qu’Atassi met en mouvement dans sa peinture danseuses, musiciennes et autres personnages masqués sur scène et en coulisse rappelant les historiques ballets d’Oskar Schlemmer et les mises en scène de Xanti Schawinsky.

« La société des spectacles » propose une réflexion sur l’usage de la scène, du spectacle, de l’artifice et toutes les ambiguïtés que cela soulève dans des pratiques artistiques fort différentes mais inscrites toutes deux dans un héritage moderniste.

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Marjolaine LĂ©vy


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